Quatrième édition du même nom, la manifestation Lausanne Jardins 2009 (20 juin-24 octobre) a pour particularité de s'installer dans le paysage public et urbain. Conçus par des architectes-paysagistes venus du monde entier, une trentaine de jardins contemporains s'offrent tant aux yeux du randonneur d'un jour qu'aux habitués des pavés lausannois.

Etroitement liée au parcours du m2 et composée de quatre boucles l'exposition met en lumière le riche patrimoine naturel et historique de la capitale vaudoise, encore peu connu. Son thème, Jardins dessus dessous, évoque deux modes de déplacement: en métro, sous terre, et à pied, en surface et à l'air libre. Il confronte tunnels sombres aux paysages, l'obscurité à la lumière, le minéral au végétal. La métaphore d'une plante qui, elle-même, se compose de racines et d'une tige aérienne.

Métro m2: le défi technologique

Avant de commencer la visite, j'aimerai vous présenter la dernière grande fierté des Lausannois: leur tout nouveau métro, le m2.

Les travaux de réaménagement de la ligne déjà existante de notre bonne vieille Ficelle, (photo ci-dessous, crédit: Mic) comme on l'appelait dans le temps, ont duré plus de quatre ans pour que le premier métro automatisé (monté sur pneus) de Suisse, transforme la ville et les habitudes de ses habitants.

En service depuis le 27 octobre 2008, la ligne relie Ouchy (374 m) aux Croisettes (719 m), soit 6 km en 20 min environ. Le défi consistait à construire des rames capables d'affronter des pentes à 12%, ce qui fait du m2 le métro ayant la plus grande déclivité du monde. 

Sillons Chantez

Nous voilà à la station terminus Les Croisettes, avec, pour horizon, le lac Léman et les Alpes.

Le projet Sillons Chantez consiste en trois bandes plantées, selon une projection horizontale qui établit une correspondance visuelle avec les trois tours de Valmont par anamorphose. Le spectateur observe la composition depuis un point de référence, matérialisé par un banc placé en amont. Puis en traversant le jardin, il passe d'une relation éloignée à une perception proche, au  cont act des fleurs de cosmos (photo ci-dessus), avant de parvenir à la rupture de pente de la fin du plateau.

Arrivés au bout de ce jardin, nous découvrons...

Les Ors du Lac
 

Le projet Les Ors du Lac propose un parterre semé de fleur bleues qui évoquent le reflet du lac. De ce miroir, émergent des nageurs couverts d'or.

Les balises nous emmènent à l'est.

Le lac et les Alpes ont fait place à un paysage vert, bordés par trois blocs de logements sociaux construits dans les années 60. Nous sommes dans le quartier de Praz-Séchaud à deux pas d'une ancienne ferme où réside le centre culturel des Boveresses. Sa proximité avec les immeubles on inspiré l'idée de procéder à une réinterprétation du verger et du potager de la ferme. Les parcelles du jardin seront distribuées aux habitants du quartier à la fin de la manifestation.

Plantons !

Plantons propose de rendre à la ferme des Boveresses son potager et son verger, évoquant ainsi le passé rural du site.

On trouve ici les légumes les plus communs, d'autres que l'on a moins l'habitude de voir, telle la bette à côte jaune ou rouge,

l'artichaut, le haricot d'Espagne grimpant.

Le chou frisé feuille "réflex" et un joli carré de tournesols.

Le chemin balisé qui mène à La Sallaz, met en scène le processus d'élevage de moutons. C'est le projet Et in Arcadia ego... (ici à l'ancien cimetière de La Sallaz)

Nous sommes à l'entrée du vallon boisé de la Vuachère, (rivière dont la source se trouve à Epalinges), juste au pied d'une des impressionnantes tours de Valmont.

Le vallon traversé, nous arrivons au quartier de Champ-Riond, zone de villas urbaines.

De Cocons en Cocons

Dans ce quartier, le jardin De cocons en cocons consiste à disséminer des cocons, de taille variable, tressés de branches de saule, remplis de substrat ensemencé et disposé en fonction de leur potentiel apicole.

Les essences sont notamment choisies en fonction de leur potentiel mellifère. Le projet installe ainsi un réseau urbain destiné aux abeilles, qui cohabiteront avec les habitants.

La deuxième boucle débute sur la toiture de la station Sallaz du m2. La plateforme est bordée d'un côté par la place de La Sallaz et sa circulation routière assez dense et de l'autre,  par un panorama plongeant sur la vallée boisée de Sauvabelin.

Dentelles

Installé sur le toit de toit de la station, le projet Dentelles consiste en trois longues-vues pointant sur la forêt. Le visiteur est invité à observer les détails de cette lisière.

Les balises nous emmènent à l'ancien cimetière du Calvaire.

Heaven can't wait (le ciel ne peut attendre)

Le projet consiste à édifier neuf colonnes cultivées de Petunia multiflora picobella, devant le grand portail de l'ancien cimetière du Calvaire. Vue de l'extérieur, on aperçoit cet écran bleuté dissimulant le cimetière aux regards extérieurs, de manière à rappeler le caractère sacré que ce lieu a perdu.

Sortis du cimetière, un peu en contrebas, nous débouchons sur un terre-plein situés entre deux villas urbaines. Sous nos pieds se trouve un réservoir d'eau d'une capacité de 3500 m³, construit au milieu du XIX^e siècle qui a permis la mise en place du réseau de distribution d'eau sous pression à domicile.

La Traversée
 

Le jardin La Traversée, situé sur le toit de ce réservoir, simule une pièce d'eau que l'on traverserait au moyen de pas japonais. En son milieu, une sorte de puits reproduit le son de gou ttes d'eau tombant sur le sol d'une galerie sous-terraine. 

On quitte le réservoir par une poterne tourne à droite pour longer une falaise de molasse. Un petit chemin nous mène au coeur du vallon. D'ici la vue sur la cathédrale est superbe. Le vallon du Flon constitue une zone verte majoritairement conditionnée par l'homme. La forêt d'origine ne subsiste que partiellement, représentée par quelques hêtres. Cette bande végétale dispense un abri pour de nombreuses espèces animales, notamment des amphibiens.

La balade nous conduit à la place de la Barre, à l'entrée de la Cité médiévale.

Tunnel dessus-dessous

Concept:

Par-dessus... un tunnel maraîcher couvert de plantes grimpantes volubiles aux floraisons multicolores.

En-dessous... quelques bancs invitent le visiteur au repos et à la fraîcheur de l'ombre proposée par le couvert végétal.

D'ici, nous montons en direction du Château Saint-Maire. Construit au XIV^e siècle, il domine une place habituellement occupée par un parking automobile..

A chaque Château son jardin

  ... Mais, la présence des voitures dans ce climat historique médiéval semblait incongrue aux yeux des créateurs du jardin. S'inspirant des motifs peints d'une des salles du château, ils l'ont reproduite au moyen de platebandes étoilées, plantées de géraniums. Vient alors l'occasion de s'interroger sur la pertinence de maintenir durablement des places de parc à cet endroit.

Boucle 3: Place de l'Ours - Place de l'Europe

Le parcours de la 3^e boucle nous emmène au coeur de la ville, à la Place de l'Ours.

"La Revancha de la Fresa"

Sur la place, une ancienne douane (bâtie en 1848), devenue aujourd'hui bibliothèque, abrite une plantation de différentes variétés de fraises, que le visiteur est invité à déguster. Le nom donné au jardin est évocateur. Quel meilleur emplacement qu'une anciennedouane pour permettre aux fraises locales de prendre leur revanche sur les fruits importés? A l'heure où les fraises importées  envahissent nos étals dès le mois de février. Le projet La Revancha de la Fresa offre aux Lausannois la possibilité de (re)découvrir la saveur des fraises locales de saison. Une dizaine de variétés sont proposées: Cléry, Elvira, Mamie, Wädenswil 6, Majoral, Thuriga, Polka, Thuchampion, Ostara, Mara des bois et Retombantes.

En contrebas, on débouche sur la promenade de la Solitude, aménagée en 1903.

"Horizons" 

Sur cette esplanade, face à la cathédrale, le projetHorizons installe plusieurs filets d'ombrage et un dispositif qui permet au visiteur de s'allonger à quelques centimètres au-dessus des fleurs, par analogie avec les filets des catamarans qui permettent au navigateur de s'étendre juste au-dessus de la surface de l'eau.

En revenant sur nos pas, on s'engage dans les escaliers de Solitude pour rejoindre le fond de la vallée du Flon.

"Secret de gouttes"

En longeant le mur de soutènement en béton, envahi par un microcosme de fougères et de mousses, on découvre le projet Secret de gouttes. Celui-ci prévoit de stimuler la colonisation végétale du mur en créant un microclimat humide moyennant des gouttes d'eau, qui, par ailleurs, finissent par retomber sur des plaques métalliques et créent ainsi une "bande-son" aléatoire.

Nous voici au pont Bessières, construit entre 1908 et 1910. Entre ses travées, un second pont ouvre depuis octobre 2008 le passage au métro.

"Green Trap"

Le projet Green Trap installe entre les deux tabliers du pont une gigantesque toile d'araignée en câbles d'acier. En son centre, un filet contenant du substrat permet à des plantes grimpantes d'envahir peu à peu la toile.

En longeant la rue Centrale, nous arrivons aux ruelles Cheneau-de-Bourg et Rôtillon.

"Green Tower"

A l'emplacement où les deux ruelles se joignent, le projet Green Tower érige un jardin vertical multicolore et joue avec la polychromie des façades des autres bâtiments.

Arrivés au bout de la rue Centrale, nous entrons maintenant dans le quartier du Flon, centre névralgique de la ville.

"Station m2 - Place de l'Europe"

Entièrement vitré sur ses faces latérales, le Centre clientèle des Transports lausannois est recouvert d'une peau végétale, lui conférant un confort thermique. Liste des plantes: Alchémille - Manteau de Notre-Dame, Corbeille d'argent, Waldsteinia, Lierre à feuilles sagitées.

Boucle 4: Gare CFF - Ouchy

"Entresol"

Situé à l'entrée du passage sous voies de la gare de Lausanne, le jardin suspendu Entresol  est constitué de plus de 260 broméliacées. Les broméliacées vivent à l'origine sur les arbres,elles se retrouvent ici suspendues, dans une installation qui joue avec le naturel et l'artificiel. Son expression se rapproche du kitsch, faisant ainsi écho à la production de masse.

On descend ensuite vers la station m2 Grancy.

"Intertwined Landscapes"

Sur l'esplanade, entre deux cages d'ascenseur, l'écran végétal Intertwined propose trois petites ouvertures à des hauteurs variables, mettant en scène le paysage et l'un des rares segments à ciel ouvert du métro.

 Depuis l'esplanade, on longe le boulevard du même nom, jusqu'à un petit escalier débouchant sur le château de Grancy, ancien pensionnat pour jeunes filles, construit en 1890.

Quelques pas plus loin, on atteint l'Eglise anglaise, devant laquelle se trouve un petit parc datant des années 1950.

"Le monde renversé"

La surface engazonnée est dénudée et envahie par de petits monticules recouverts de gazon, matérialisant autant de taupinières. Le revêtement végétal banal et stérile qui caractérise la majeure partie des espaces verts urbains est ainsi questionné par une mise en scène en "écorché", alors que ce qui est ordinairement considéré comme une verrue indésirable, la taupinière est représenté ici comme un élément précieux. Rendant hommage à la taupe, animal mascotte des constructeurs du métro, ce projet interprète avec une ironie subversive le thème du "jardin dessus dessous".

On longe la tranchée du métro, franchie au moyen d'une petite passerelle, puis on bifurque vers l'avenue du Grammont, avant d'emprunter la promenade des Délices.

"Traits d'Unions"

Entre la gare et Ouchy, une promenade piétonne continue. Entre le quartier de Cour et de celui de l'Elysée, un espace de verdure. Entre le niveau de la rue et celui des stations, quatre placettes nouvelles, équipées de bancs et de parkings pour vélos. Traits d'Unions est un projet urbain qui redonne une continuité, une cohérence et une esthétique à un kilomètre de réaménagements des rives et des couvertures de la voie du m2. Dans la partie haute, la ligne du métro est à ciel ouvert et le cheminement de l'ancienne Ficelle a été réhabilité, élargi et redessiné. C'est le chemin des Délices. Dans la partie basse, la couverture de l'ancienne tranchée redonne aux quartiers riverains anciennement séparés, plus de 8000 m² d'espaces verts et de promenade supplémentaires. C'est la promenade des Délices .

Liste des plantes présentes sur le site: parasols, osmanthe à feuilles étroites, fusain du japon, graminées, roseau de Chine undine, purpurascens, nippon et droning Ingrid, herbe de la Pampa, cèdre du Liban, hêtre rouge, Arbre aux 40 écus, savonnier, Magnolias, hortensia, Herbe aux écouvillons Hameln, laîche japonaise Icedance, verveine de Buenos Aires, Gaura de Lindheim.

On tourne à gauche, pour suivre une dernière transversale.

"L'ère du Futur"

Installé dans un petit square situé à l'avenue d'Ouchy, ce jardin été crée avec la collaboration d'enfants lausannois. Il a pour dessein de sensibiliser le visiteur aux réalités écologiques de notre époque. Une voiture qui s'enfonce dans le sol représente la fin de l'ère industrielle.

L'espoir d'un avenir plus respectueux de l'écologie est symbolisé par une file de vélos colorés et fleuris. Dernier maillon de cette chaîne de l'évolution, un vélo se transforme et prend vie. Il devient un être hybride mi-vélo, mi-insecte, qui déploie ses ailes et s'envole.

Sortis du parc, on suit le chemin du Beau-Rivage jusqu'à l'hôtel du même nom. On continue en direction du lac pour déboucher au jardin de l'esplanade Guisan.

Traversons la route, direction lac. Nous sommes sur le quai de Belgique.

"Coupon de paysage"

Installé sur le quai, le projet Coupon de paysage propose un photomontage de divers points de vue photographiés aux Croisettes, station terminus du m2. Devant ce panneau, les auteurs installent un parterre composé de coupons de prairies provenant de différents points du territoire lausannois. 

En longeant la rade, nous allons dans la direction du débarcadère.

"Transporting-transpotting"

Ce dernier jardin propose une nouvelle matérialisation de la bordure du quai, en aménageant un merlon de pierres d'Arvel plantés d'essences qui poussent sur les pierriers alpins, ceux précisément que l'on observe sur l'autre rive du lac, juste en face.

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